Julien Gaillac, chorégraphe équilibriste
" Il m’a fallu de nombreuses années avant de comprendre comment vivre mes douleurs physiques. C’est quelque chose qui pèse beaucoup dans une carrière avant qu’on en fasse quelque chose de positif et qu’on comprenne que notre corps est ainsi, que c’est lui le guide. "
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Julien Gaillac et je suis directeur artistique, chorégraphe et réalisateur.
D’où venez-vous ?
Je suis originaire du 78, de Conflans-Sainte-Honorine plus précisément. Mes parents n’en sont pas originaires, mais moi si.
Comment avez-vous découvert la danse ?
C’est une histoire de famille. La sœur de mon parrain, Marine Jahan, était la doublure de Jennifer Beals dans Flashdance. J’ai grandi avec des portraits, des photos de ce film dans le salon de mon parrain. Je voyais ça… et à l’âge de six ans j’ai commencé la danse.
Comment vous êtes-vous formé à cette discipline ?
Ma formation est plutôt atypique. J’ai commencé, comme tous les enfants, dans des écoles de quartier. D’abord dans le 78 et puis dans le 95, à Pontoise, au centre Ann Lewis. Ann Lewis m’a accompagné pendant presque dix ans, elle m’a réellement poussé. J’ai arrêté mes études en début de 1ère parce que le lycée, ce n’était pas pour moi. J’ai passé l’audition de l’Académie Internationale de la Danse à Paris, une école qui propose des contrats d’apprentissage. C’est ainsi que j’ai pu travailler rapidement : avec Maurice Béjart sur le spectacle L’Amour – la Danse, puis avec Kamel Ouali sur Le Roi Soleil, la comédie musicale. J’ai décidé ensuite de continuer ma formation et de partir au Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Lyon, dont je suis sorti diplômé en 2009.
À Lyon, c’est plutôt une discipline contemporaine…
Oui, en fait il y a deux sections. Dans les conservatoires, on choisit la section classique ou la section contemporaine. Pour ma part, je venais d’un parcours jazz et classique et j’avais envie de me diriger vers ce qui artistiquement me faisait envie, vers la danse contemporaine.
Vous avez eu la chance d’être danseur aux côtés de grands chorégraphes... racontez-nous votre plus belle expérience.
Le chorégraphe le plus marquant de ma carrière s’appelle Gilles Baron. Il m’a permis de prendre confiance en moi et de lâcher prise sur scène. Il a une technique très particulière d’écriture : il travaille en écriture instantanée avec ses artistes. C’est la première personne que j’ai rencontrée qui faisait ça. C’était des choses émotionnellement assez fortes à vivre. J’ai eu la chance de l’accompagner sur une pièce qui s’appelle Rois, une pièce pour huit hommes. Tous les soirs c’était très diffèrent, il nous demandait de ne jamais revivre la même chose. Il est impressionnant dans sa philosophie de chorégraphe, sa philosophie de travail avec les interprètes. Il y a cette précision extrême dans l’improvisation, et je n’avais appris ça nulle part ailleurs. C’était, artistiquement, quelque chose d’extrêmement fort pour moi.
Après il y en a d’autres… Kyomi Ichida et Thomas Duchatelet par exemple. C’est un duo. Ce sont des héritiers de Pina Bausch. Ils m’ont emmené au Japon avec eux pour transmettre des extraits du Sacre du Printemps de Pina dans des écoles, et aussi faire une production là-bas. Cette époque-là a été importante dans ma carrière, le Japon ayant réveillé en moi une forme de reconnaissance dans cette philosophie de vie.
Et Bianca Li ?
(rires, il corrige :) Blanca Li. Quand j’ai rencontré Blanca, j’étais déjà devenu chorégraphe et j’avais envie de danser à nouveau, de retourner sur scène. Elle faisait passer une audition pour sa nouvelle création. Je n’ai pas envoyé mon CV, mais je suis allé à l’audition comme ça. C’est drôle : souvent les meilleures auditions qu’on fait dans notre vie sont celles qu’on n’a pas préparées. Et j’y suis allé parce que j’avais pas mal d’amis qui y allaient. Je me disais, comme on dit beaucoup dans le monde des danseurs : « une audition ratée, c’est toujours un cours gratuit ». Et j’ai passé les étapes les unes après les autres. Il y avait beaucoup de moments où on passait en solo devant elle. Quand vous êtes dans des auditions, il y a 300-400 personnes, c’est assez particulier comme entretien d’embauche (rires). Je me rappellerai toujours de son regard, on a eu un échange vraiment fort tous les deux.
Après, je l’ai suivie pendant un an sur la création de Solstice. À cette occasion Blanca était accompagnée par le Théâtre National de Chaillot. Donc en plus de travailler avec Blanca, c’était une opportunité de participer à une création dans les murs de Chaillot – ce qui n’était pas désagréable, je dois l’avouer.
Comment un danseur devient-il chorégraphe ?
(rires) je ne pense pas avoir une réponse générale à cette question. Moi, ce qui m’a emmené vers la chorégraphie, c’est la pédagogie. À un moment, j’ai décidé de passer mon Diplôme d‘État de professeur de danse contemporaine. C’est ce diplôme qui m’a fait découvrir l’envie de devenir chorégraphe, ou du moins d’inscrire une forme de langage, de transmettre quelque chose. Pour moi, finalement, faire de la chorégraphie ça n’est que de la transmission, donc de la pédagogie, par essence.
Qu’est que ça a changé dans vos perceptions corporelles, dans votre esprit ?
J’ai été danseur pendant dix ans : j’étais de l’autre côté. Passer du côté du chorégraphe m’a permis de prendre du recul sur la place du danseur. Étonnamment, plus que de comprendre la totalité de ce rôle de chorégraphe, ça m’a permis de mettre des mots sur mes sensations en tant que danseur. Ça m’a amené beaucoup de plaisir, d’être danseur. Et il y a beaucoup de chorégraphes qui n’ont jamais été danseurs. L’une des plus grandes surprises dans le fait d’être chorégraphe a été de voir des interprètes prendre du plaisir à travers des écritures ou des propositions que je leur faisais. Cela a déclenché chez moi une grande fierté, à laquelle je ne m’attendais pas du tout en prenant cette place.
Avez-vous des héros, dans la vie réelle ?
Hum… ça voudrait donc dire que j’ai une vie qui est irréelle? (il éclate de rire) C’est un peu cheesy (« tarte », ndlr) de dire ça mais il y a, forcément, des exemples dans ma famille. Ce ne sont pas des héros, mais je suis plus impressionné par des parcours professionnels que par des figures de héros. Ou, en tout cas, mes héros sont des personnes qui se sont accomplies par elles-mêmes, qui ont réussi à vivre leurs rêves parce qu’elles n’avaient peur d’aucun défi. Mes parents, qui viennent de familles extrêmement pauvres, sont partis de rien et se sont construits eux-mêmes. Cela m’a toujours beaucoup impressionné, et c’est sans doute ce qui m’a poussé à devenir entrepreneur après ma carrière de danseur. Je pense aussi à des artistes… mais je ne les considère pas comme des héros.
Votre plus belle rencontre ?
Je pourrais citer les mêmes personnes que tout à l’heure : Gilles Baron, ma plus belle rencontre humaine et spirituelle à ce jour ; et Kyomi et Thomas, qui ont été de très, très belles rencontres artistiques. Il y a aussi Isabelle Chapuis, une photographe avec laquelle j’ai travaillé. J’avais ses références et je rêvais vraiment de la rencontrer… et j’ai eu le plaisir de le faire. Je suis fasciné par son travail, c’est une fille qui a une esthétique et une vision du corps assez extraordinaires, que je n’avais jamais vues avant.
Votre devise ?
C’est une question qu’on m’a posée il y a des années… J’avais fait un projet, une exposition au Centre Pompidou et on m’avait posé cette question-là. Ma réponse, c’était une chanson de Daft Punk que vous devez connaître, qui dit « harder, better, faster, stronger » (il scande). C’est cette chose-là qui m’était venue. Ce n’est pas une devise en soi, c’est plutôt une espèce de ritournelle qu’on a en tête, et qui en tout cas exprime mon état d’esprit. C’est de travailler dur, travailler vite, travailler bien et essayer d’avoir une vraie longévité.
Selon-vous, à quoi reconnaît-on votre danse ?
Question difficile. Je travaille majoritairement pour des commandes de marques, et j’adapte donc mon langage à des identités existantes. C’est ce qui a toujours été intéressant dans mon travail. Maintenant que je prends du temps pour travailler mon écriture personnelle, mes danseurs me disent que je fais beaucoup d’ « attitudes » (position où le danseur a une jambe pliée haut en l'air, ndlr), beaucoup de tours et de pivots… C’est difficile de qualifier « soi », je trouve, en tout cas là où j’en suis aujourd’hui. Corporellement, c’est... beaucoup de coordination, d’élans. J’ai une écriture instinctive, sensible, la notion de plaisir est au cœur de mon travail. Si vous me voyez danser peut-être que c’est ça qui vous frappera.
Qu’est-ce qu’un corps qui respire ?
Des corps qui respirent, je n’en connais pas beaucoup. C’est quelque chose que l’on doit travailler, et souvent on en prend très peu conscience – chez les danseurs en particulier. Moi, il m’a fallu des années avant de sortir de l’apnée. Et il y a plusieurs formes de respiration. On peut être très heureux et respirer d’une manière extrêmement vive et forte, et on peut être triste et avoir une respiration très serrée. C’est justement grâce à ça qu’on peut créer des langages différents en danse. Un corps qui respire, c’est un corps qui vit !
Racontez-nous votre routine, votre tempo au quotidien ?
Quand je suis vraiment sérieux, je me lève assez tôt, à 7h du matin, après une bonne quinzaine de sonneries pour me sortir du lit. Je trouve ça très agréable de me lever tôt, j’aime beaucoup travailler le matin. Donc généralement je plonge dans mon ordinateur pour répondre à mes mails et essayer de consacrer une plage horaire réfléchie à mon travail quotidien. Physiquement, ayant un corps qui a évolué à la fois dans le plaisir et dans la douleur, un entretien est nécessaire. Je vois un kiné régulièrement, et je rentre à la maison avec des exercices, ce qui me permet d’avoir une certaine autonomie. Je fais beaucoup de sport. J’adore courir, j’adore faire du cardio, j’adore faire du vélo, j’adore aller à la piscine… j’ai besoin d’une activité physique assez intense. Comme beaucoup de danseurs, je fais un peu de musculation parce que c’est nécessaire pour maintenir un corps en forme. Mais je ne fais pas partie de ceux qui soulèvent beaucoup de fonte… je soulève mon poids de corps. Donc voilà : boulot, sport et beaucoup de repas aussi.
Quel est le chorégraphe que vous admirez le plus ?
Je vais me répéter. Quand on a été danseur, on saisit plus de choses que ce que le public peut percevoir. Et Gilles Baron est vraiment une personne que j’admire dans son travail, son langage, son écriture, son esthétique parce qu’il fait tout lui-même, tout : la scénographie, la lumière, la musique, la chorégraphie, la mise en scène, la dramaturgie… J’ai toujours essayé de m’en inspirer. Je trouve ça dingue, les personnes qui sont capables de tout faire.
Et Blanca Li. Il y a une dimension entrepreneuriale dans sa réflexion artistique. C’est quelque chose qui m’a beaucoup intéressé dans mon propre parcours. Je viens vraiment du milieu de la danse contemporaine, et je suis allé dans le milieu commercial. J’ai fait le pont entre ces deux espaces. Je suis assez convaincu que la dimension commerciale n’existe pas sans la dimension artistique, et vice versa : la dimension artistique n’existe pas sans la dimension entrepreneuriale. Tout le monde n’est pas d’accord avec ça, mais c’est mon point de vue. Aussi, c’est une femme qui travaille beaucoup avec les mêmes équipes. Travailler avec les mêmes personnes, c'est intéressant parce qu’on va plus loin. À travers chaque projet, on peut approfondir ces relations-là, aller plus loin dans le langage chorégraphique.
Vous vouliez nous parler d’autres personnes ?
Eh bien, il y a Chunky Move, une compagnie australienne de danse contemporaine. Ce sont eux qui m’ont fait percevoir, comprendre l’intérêt des outils numériques dans la création contemporaine.
J’ai également été inspiré par Marina Abramović. J’ai fait beaucoup de performances en tant que danseur, en particulier dans un courant d’abstraction. Et puis elle travaille la question de la douleur, un sujet qui est très beau dans la danse. On en parle très peu : comme chez beaucoup de sportifs, on doit véhiculer un langage positif, agréable… ça vient des codes classiques. Dans la danse contemporaine, on a ouvert, on a exploré autre chose. Mais la question de la douleur, dans notre métier, on l’aborde très peu, et c’est pour ça que je me suis intéressé à son travail. Il m’a fallu de nombreuses années avant de comprendre comment vivre mes douleurs physiques. C’est quelque chose qui pèse beaucoup dans une carrière avant qu’on en fasse quelque chose de positif et qu’on comprenne que notre corps est ainsi, que c’est lui le guide.
Pensez-vous que chaque danseur peut-être associé à une musique ?
Quelle serait la vôtre ? Ouah… j’aurais plutôt tendance à dire l’inverse. Pour le coup, c’est nous qui la créons ! Je passe beaucoup par le silence avant de pouvoir amener la musique. Ou à l’inverse, je travaille à partir de la musique pour créer une partition chorégraphique. Les choses comme je les ai toujours vécues se font par le sens, jamais par le calcul. Moi, si j’étais une musique, je serais Pavarotti : frontal et volumineux… je ne sais pas, je n’en ai aucune idée (il éclate de rire).
Et si vous deviez définir la danse comme une couleur, laquelle choisiriez-vous ?
Ça mériterait réflexion, ce genre de question. Il n’y en aurait pas qu’une, il y en aurait des dizaines… Moi en tout cas j’aurais tendance à dire que la danse c’est le noir. Je n’y vois pas quelque chose de sombre, au contraire. J’y vois justement l’ouverture ultime.
Le pas de danse technique où vous vous sentez le plus a l'aise ?
La fente n’est pas un élément technique, mais c’est l’un des mouvements que je maitrise le mieux, parce que je suis très souple. J’ai la chance de pouvoir faire des mouvements très amples et de pouvoir les tenir, ce qui n’est pas toujours facile. La complexité, quand on est souple, c’est souvent qu’on a du mal à contrôler le mouvement. Après, ce serait les tours.
Les tours : pas de pirouette classique, on est toujours décentré…
Oui, les pivots en particulier, et les équilibres – je suis très bon dans l’équilibre. C’est le maintien d’un déséquilibre. Sans doute que j’ai la force osseuse dans les pieds pour pouvoir tenir ça… c’est beaucoup de relâcher, étonnamment, l’équilibre. Plus on cherche à le tenir, moins il est présent. Plus on cherche à ne pas le tenir, plus il se fait tout seul. Comme un tour : on pourrait donner énormément de force pour faire dix tours, et en fait il suffit juste de laisser faire… facile à dire.
…et respirer
Et respirer, exactement. Respirer c’est pas mal.
Quand on est danseur, on enfile une tenue avant d’aller à la salle. Quelle est la vôtre ?
Moi c’est tout noir. J’ai souvent un T-shirt XL qui appartient à mon conjoint, et je porte des pantalons un peu stretch. Et j’adore les longs zips pour laisser mes chevilles respirer.
Quand vous créez un spectacle et une scénographie pour vos danseurs, en quoi le costume est-il important ?
Le vêtement m’a toujours fasciné, dans son pur sens esthétique. Et en tant que danseur, j’ai réalisé l’importance du vêtement dans la chorégraphie qu’on veut transmettre. C’est une seconde peau, et il y a un besoin de confort extrême. En même temps, la contrainte d’un vêtement peut aussi apporter de la sensation dans la chorégraphie. C’est visuel, ça m’a toujours énormément parlé. Je trouve important de choisir très précisément les costumes qu’on fait porter à nos danseurs, la ligne que ça va créer dans le corps, parce que c’est cette image-là qu’on avait imaginée.
J’ai fait des créatures informes qui étaient d’énormes peluches, parce que c’étaient des personnages que j’avais envie de voir. Ou alors des académiques hyper serrés, très cintrés pour percevoir l’anatomie. D'ailleurs, le costume fait tout pour moi en ce moment. Je choisis de faire des pièces sans aucune scénographie, sans aucun rideau au plateau : que des costumes, rien d’autre. Le vêtement, basta.
Privilégiez-vous le confort ou l’esthétique ?
Les deux, c’est hyper important. Les danseurs ont toujours leur mot à dire, bien sûr. Mais je privilégie surtout le sens. Le costume n’est pas juste un élément rajouté comme ça, qui n’a aucun lien avec ce qu’on raconte.
Quelle est votre couleur interdite ?
Il y a une de mes collaboratrices qui ne va vraiment pas aimer que je dise ça : le violet. J’en ai plein… le rose ! Ce sont des couleurs avec lesquelles j’ai vraiment du mal. Après non, en fait je n'ai pas de couleur qui soit vraiment interdite : c’est lié à ce que moi je porte ou ne porte pas. C’est vrai que je suis, je réalise, hyper serré dans le panel de couleur de mon propre dressing. Ce qui est peut-être plus intéressant, c’est la différence qu’il y a entre ce que moi je porte au quotidien et ce que je fais porter aux gens qui dansent avec moi. Je porte du noir et blanc, et je fais porter des multi couleurs, c’est rigolo. Mais vraiment le violet c’est pas possible (rires).
Pourquoi avez-vous aimé hollington ?
J’arrive à un âge où l’on réalise qu’à partir d’un moment on a une sorte d’uniforme. Quand je suis tombé sur votre Instagram, j’ai vu Gilles Baron, le chorégraphe dont je vous parlais. Le Julien d‘il y a dix ans vous dirait qu’aujourd’hui je suis habillé en Gilles Baron. Ça m’avait marqué parce qu’au-delà d’être un chorégraphe passionnant, c’est aussi un mec qui en termes de style m’a toujours vraiment fasciné. Toujours des fringues extraordinaires, impossible de savoir d’où ça venait. Il va flipper quand il va voir que je le cite de tous les côtés… Et du coup, en tombant sur l’Instagram d’hollington, je me suis dit « Ouh ! Ça, c’est vraiment pas mal. »
Si hollington devait dessiner une tenue de scène pour vos danseurs, à quoi ressemblerait-elle ?
(il ouvre les bras et montre sa tenue) voilà. Si vous deviez dessiner une tenue pour moi ce serait ça : pantalon-veste, basta. Torse nu. Pour homme et pour femme, mais le même costume pour homme et pour femme. Je suis très inclusif dans les vêtements, je fais même parfois mes courses chez les femmes.
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Nous remercions chaleureusement Julien Gaillac pour son accueil et le temps qu’il nous a si gentiment accordé !
Photos : Clément Vayssieres @clement.vayssieres