Soufiane Guerrab, l'optimisme modeste et rayonnant

« Il faut savoir vivre en harmonie avec tout ce qui est autour de nous, que ce soient les plantes, les animaux… J’ai l’impression qu’on est un peu les petits voyous de cette planète. On est les seuls à foutre le bordel. J’espère que ça va nous calmer, nous faire prendre conscience que le fait de pouvoir juste respirer, sortir, vivre... c’est ça le plus important. Faire attention aux gens qu’on aime, à ce qu’il y a autour de nous, profiter du moment présent au maximum. »

 

Soufiane Guerrab interview hollington - lookbook FW20

Peux-tu te présenter ?

Soufiane Guerrab, j’ai 33 ans et je suis comédien… passionné.

Quelles sont tes racines ?

J’ai grandi à Rosny-Sous-Bois, j’y ai passé toute mon enfance. Je suis venu m’installer à Paris, et puis je suis retourné là-bas. Il y a eu pas mal d’allers-retours, mais je suis un Parisien dans l’âme.

Comment as-tu commencé à jouer ?

Ce métier m’est tombé dessus par hasard, comme nous avons atterri sur cette terrasse aujourd’hui. J’ai découvert le métier d’acteur comme je découvre Paris d’ici. Jamais je ne me serais imaginé faire du cinéma. J’ai de la chance, ce n’est que du bon, du positif. Mais je suis un autodidacte, je n’ai jamais pris de cours. Je n’ai pas suivi le chemin classique… Et puis petit à petit, d’un projet à l’autre, ça fait quinze ans que je fais ça. J’ai rencontré un agent, à Paris. Il pleuvait, on regardait la Seine ensemble – on regardait une scène de tournage en fait. J’étais spectateur, je m’étais mis dans un coin. J’ai dit que ça avait l’air simple, ça avait l’air facile à faire. Et que le mec, je trouvais qu’il ne jouait pas… il ne jouait pas ouf. Le monsieur à côté de moi m’a dit que c’est plus facile à dire qu’à faire. Alors j’ai dit que moi, ça me plairait d’essayer, de tenter ma chance. Il a répondu « ça tombe bien que tu dises ca, parce qu’en ce moment, on recherche un peu ton profil pour un film. Est-ce que ça te dirait de passer le casting ? » J’ai passé le casting et j’ai eu la chance d’être pris. Dès le premier casting j’ai été pris, c’était cool.

C’était pour quel film ?

C’était pour le film Mes Copines, avec Léa Seydoux. C’était son premier film aussi je crois, un film sur la danse. C’est Sylvie Ayme qui réalisait. C’était une première expérience, et ça m’a plu. Je suis un artiste dans l’âme, depuis que je suis tout petit j’aime ça. J’ai fait de la musique… dans l’art, j’ai tout essayé de faire.

Dans la musique, que faisais-tu ?

Je faisais de la compo essentiellement, encore une fois en autodidacte – je n’ai jamais pris de cours de solfège. J’aime découvrir de nouvelles choses, et j’ai commencé par la musique parce que c’était très accessible. Faire de la musique, c’est assez simple de nos jours, ce n’est plus comme il y a vingt ans. Je pouvais le faire tranquillement, chez moi, sans avoir aucune notion. Seulement pour moi. C’est ce qui m’a mis dans le bain artistique, la créativité.
Vers l’âge de 18 ans, quand j’ai commencé dans le cinéma, j’ai mis la musique de côté et je me suis concentré sur ce métier. Ce n’était que du kif, que du bonus. Je faisais des tournages de temps en temps, à droite à gauche. Il y a très peu de temps que je peux enfin dire que c’est mon métier, que je suis fier et heureux… j’ai beaucoup de mal à le dire encore. Aujourd’hui ça marche, demain ça peut marcher un peu moins. Il ne faut pas avoir le mal de mer. Mais peut-être aussi qu’à force de participer à différents projets, d’être vu, je n’ai plus forcément besoin de le dire : les gens m’associent à ce milieu. Enfin, au départ c’est un peu compliqué. Quand on commence et qu’on nous demande quel est notre métier, on a du mal à dire « acteur » parce que c’est un métier très dur. Il faut s’accrocher et être patient. C’est ce que j’essaie de faire et ça se passe plutôt bien. Je suis content.

 

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Ces dernières années, tu as tourné dans Patients et La Vie scolaire de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, mais aussi dans la série Dix pour cent. Parle-nous de ces expériences.

Avec Mehdi Idir et Fabien Marsaud (Grand Corps Malade), c’est au-delà de l’artistique. Ce sont des gens que j’ai rencontrés il y a cinq ans sur le casting du film Patients, un film magnifique. Ils sont devenus ma famille, vraiment. Ce sont des grands frères. Avec eux c’est au-delà du cinéma.
Et mes autres projets aussi, c’est toujours un kif. J’ai partagé des moments sur un tournage de Dix pour cent avec Gérard Lanvin. On est toujours un peu en lien. C’est une personne que j’admire énormément, autant dans son travail que dans l’humain. C’est beau de rencontrer des personnes comme ça par le biais de son métier. Ce sont des expériences extraordinaires. Il y a aussi Antoine Garceau, le réalisateur de Dix pour cent, avec qui je m’entends très très bien. On est en train de tourner une nouvelle série, d’ailleurs. Ce sont des rencontres qui tiennent. Et moi, au-delà de l’art, j’aime bien l’être humain, je l’aime bien.

Ce sont Fabien et Mehdi qui t’ont fait progresser dans ton jeu ?

Oui, ce sont des gens qui ont su me faire confiance, eux et Jean-Rachid Kallouche, le producteur. Ils ont été les premiers à m’écrire un rôle sans que j’aie à passer le casting, pour le film La Vie scolaire. Je leur dois beaucoup, beaucoup et je ne les remercierai jamais assez pour la confiance qu’ils m’ont donnée. Je les kiffe (sourire).

Tu ne joues pas au théâtre ?

J’aimerais beaucoup faire du théâtre. Je dois faire une super belle pièce – on est dessus avec Caroline Anglade. Mais ça demande beaucoup de temps. Le théâtre, c’est beaucoup de répétitions et malheureusement en ce moment je n’ai pas toujours le temps nécessaire pour me concentrer sur ça. Mais oui j’aimerais beaucoup, c’est une autre discipline ; ça n’a rien à voir avec le cinéma et ça me plaît.

Quel acteur admires-tu ?

Je n’ai pas vraiment une référence ou un modèle, il y en a beaucoup. Mais au-delà même de l’art, j’aime les gens vrais.

Avec quel réalisateur aimerais-tu travailler ?

Fabien et Mehdi : ce sont mes gars. J’aimerais refaire un film avec eux. Après, des réalisateurs avec lesquels j’aimerais bosser, bien sûr qu’il y en a plein. Je ne peux pas donner de nom, parce que si j’en donne un, si ça se trouve il y en aura un autre qui dira « nan mais il n’a pas donné mon nom à moi, bah alors ? » (rires) Bon, en vrai, j’ai envie de travailler avec tout ceux qui voient en moi quelque chose de cool et qui veulent faire de belles choses. Des personnes qui me font confiance et avec qui on pourrait faire du beau travail, déjà ça c’est important. Et des gens sincères.

 

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Quel rôle rêverais-tu d’incarner ?

Un empereur – non je dis ça comme ça. Un mec qui vole ? Je ne sais pas, il n’y a pas vraiment un rôle précis que je voudrais incarner. Je prends la vie comme elle vient. Et la vie, elle me fait de belles surprises. J’espère qu’elle continuera à m’en réserver. Pouvoir jouer des rôles que je n’imaginais pas pouvoir interpréter, pouvoir jouer avec des gens à qui je peux faire confiance et qui me donnent la leur. Voilà, c’est ça que j’ai envie de faire.

J’aime aussi quand que le cinéma porte un message. C’est ce qu’il y a de plus important. On fait un métier incroyable, qui a un impact fou sur le monde, sur les gens. Faire un film sans rien derrière, ce n’est pas mon kif. J’aime que les spectateurs ne soient plus la même personne en sortant de la salle, c’est ça un beau projet. J’aime quand on soulève de vraies questions, quand on essaie d’élever les consciences, au moins un peu, sans pour autant se prendre au sérieux et donner des leçons. La Vie scolaire ou Patients traitent de sujets lourds, mais dans la légèreté. On fait un métier de divertissement, il ne faut pas l’oublier, mais on a une très grosse responsabilité parce que on représente une fenêtre sur le monde.

As-tu une routine quotidienne ?

Alors là non, vous êtes tombés sur la mauvaise personne. Je déteste la routine. Je déteste savoir, à la limite, ce que j’ai à faire dans une semaine – j’aime pas. Chaque jour c’est de l’impro… plus ou moins, hein? Pas quand j’ai des rendez-vous, que je dois me rendre à l’heure quelque part.

Que fais-tu quand tu n’es pas en tournage ? 

Ce que je kiffe vraiment c’est rencontrer des gens, discuter avec eux, m’intéresser aux autres. J’aime ça, et quand j’ai du temps j’essaie de découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes, de nouvelles mentalités. C’est ce qui me plait, et c’est ce que le métier demande.

Comment as-tu vécu le confinement ?

Ça a un peu décalé le planning de tout le monde, c’est une évidence. Ça nous a un peu tapé sur la nuque, on n’était pas prêt. J’étais parti sur pas mal de projets. Tout qui était planifié a été chamboulé pour plusieurs mois. Ça n’a pas été facile, mais j’espère que ça a réveillé les consciences sur plein de choses. J’habite en face d’un petit parc, où il y a plein d’oiseaux qui sont là toute la journée en train de chanter. Eh bien pendant le confinement, ils ne se sont pas arrêtés de chanter ! (rires) Il n’y a que nous, les êtres humains, qui étions en panique et qui avons arrêté de vivre. Ça doit nous faire prendre conscience qu’on n’est pas tout seuls sur cette planète. Il faut savoir vivre en harmonie avec tout ce qui est autour de nous, que ce soient les plantes, les animaux… J’ai l’impression qu’on est un peu les petits voyous de cette planète. On est les seuls à foutre le bordel. J’espère que ça va nous calmer, nous faire prendre conscience que le fait de pouvoir juste respirer, sortir, vivre... c’est ça le plus important. Faire attention aux gens qu’on aime, à ce qu’il y a autour de nous, profiter du moment présent au maximum.

 

Soufiane Guerrab interview hollington - lookbook FW20

As-tu une devise ?

Oui, ma devise c’est que rien n’est impossible. Rien n’est impossible : j’y crois de plus en plus. Quand on voit mon parcours de vie… il ne faut jamais désespérer. Il y a toujours de quoi faire de grandes choses. Pas seulement « s’en sortir », c’est presque simple de s’en sortir. Non, il y a toujours de quoi faire de très très belles choses, même quand on est au plus bas. Il faut s’accrocher à ça. Je suis convaincu qu’on est rempli de l’énergie qu’il y a autour de nous, et qu’il faut s’ouvrir à de bonnes ondes. La vie s’occupe du reste.

As-tu des projets à venir, si tu peux nous en parler ?

Oui, pour l’instant je suis sur tournage d’une série pour Netflix, Arsène Lupin, avec Omar Sy et Ludivine Sagnier. C’est un super tournage, je kiffe, c’est mortel. J’ai aussi une série à l’étranger, un peu décalée à cause du confinement, et une série pour France Télévision. C’est celle-là qu’on tourne en ce moment avec le réalisateur de Dix pour Cent, Antoine Garceau. Il y a des projets de longs métrages qui arrivent, aussi. Un projet où j’ai le premier rôle, De bas étage ! C’est le premier film de Yassine Qnia, produit par Why Not Productions. C’est la première fois qu’on me confie un premier rôle au cinéma. Ça arrive très prochainement – je n’ai pas encore les dates parce que tout est un peu dérèglé, mais c’est dans la boite. Il y a de très belles choses qui arrivent, grâce à Dieu.

Quelle est l’importance du costume pour un acteur, selon toi ?

Le costume nous décale un peu de notre propre personne, nous rapproche du personnage. On n’est pas sorti de chez soi en s’habillant avec ces fringues-là ; on les a mises sur notre lieu de travail. C’est primordial de porter un vêtement qui va faire partie de l’identité du rôle. Costumier, c’est un métier extraordinaire. Avec un vêtement ou un accessoire, on peut dire beaucoup de choses et faire exister le personnage, le rendre reconnaissable, inoubliable. Le costume se rapproche aussi de la psychologie : on voit si le personnage est un peu tête-en-l’air, négligé, s’il fait attention à lui. Et c’est très important de se sentir à l’aise pour jouer son personnage.

Dans la vie privée, t’habilles-tu de façon spéciale pour un événement spécial ?

Non, je ne suis pas du tout compliqué. Un t-shirt, un jean… Ce qui compte pour moi c’est d’être à l’aise. Ce que j’aime, c’est de ne pas avoir l’impression de porter quelque chose de spécial.

As-tu une couleur taboue, une couleur fétiche ?

Non, j’aime toutes les couleurs. Mais elles, est-ce qu’elles m’aiment toutes ? C’est une autre question, il faut que je les porte pour savoir.

Comment as-tu connu hollington ?

Je suis venu à la boutique pour essayer des fringues pour les Césars. C’était l’année dernière, j’étais pré-nominé. J’avais besoin d’une belle veste hollington pour aller au dîner des Révélations. C’était cool, elle m’allait bien, ils ont aimé. (rires)

Qu’est-ce qui t’a attiré : la forme, la coupe, les matières ?

J’aime beaucoup les cols mao. Et je trouve que les chemises hollington ont une coupe qui me va bien. C’est sobre, on est dans quelque chose de simple mais chic. Il y a tout… ça me ressemble. C’est simple mais soigné. Regarde, j’aime bien cette petite chemise. Je suis bien. Je suis Soufiane, en tout cas.

 

Soufiane Guerrab interview hollington - lookbook FW20

Télécharger le lookbook hollington automne-hiver 2020 

 

Soufiane Guerrab est à l'initiative du Festival de cinéma Tapis Bleu. Chaque année son festival est organisé à dans la ville de Rosny-sous-bois et présente des masterclass, des projections de ville ainsi que des remises de prix pour de jeunes acteurs et réalisateurs.

En janvier 2021, Soufiane Guerrab incarne le lieutenant Youssef Guedira au côté d'Omar Sy dans la série "Lupin". Inspiré par les aventures d'Arsène Lupin cette série fait un "carton" La série parvient à intégrer le top 10 des contenus les plus regardés sur Netflix dans de nombreux pays, quelques jours seulement après sa sortie. Selon des estimations de la plateforme, elle pourrait même être le plus gros succès non-anglophone, en étant visionnée près de 70 millions de fois, 28 jours après sa sortie. 

Lupin Soufiane Guerrab - hollington interview portrait

Vous pouvez suivre l'actualité de Soufiane Guerrab  sur son compte instagram et le voir dans :

ses films 

2019 DE BAS ÉTAGE de Yassine QNIA
2018 LA VIE SCOLAIRE de Fabien MARSAUD et Mehdi IDIR
2016 D'UNE PIERRE DEUX COUPS de Fejria DELIBA
2016 LA PIÈCE de Lamine DIAKITE
2016 BURN OUT de Yann GOZLAN
2016 PATIENTS de Fabien MARSAUD, Medhi IDIR - Prix d'interprétation " PREMIERS RENDEZ VOUS " au Festival du Film de Cabourg 2017
2015 DHEEPAN de Jacques AUDIARD
2015 LA LOI DU MARCHÉ de Stéphane BRIZÉ
2015 NOUS TROIS OU RIEN de KHEIRON
2015 JAMAIS DE LA VIE ! de Pierre JOLIVET

 

ses séries :

2020 LUPIN - SAISON 1 ET 2 de Louis LETERRIER Netflix
2019 PAIX À LEURS ARMES de Frédéric JARDIN
2019-2020 ARSÈNE LUPIN - EP. 1 À 10 de Louis LETERRIER Netflix
2019 CESAR WAGNER - EP. PILOTE de Antoine GARCEAU
2019 MOLOCH de Arnaud MALHERBE
2018 ENGRENAGES - SAISON 7 - EP. 1, 3, 4 de Frédéric Jardin
2018 DIX POUR CENT - SAISON 3 - EP. 3 GÉRARD de Antoine GARCEAU
2015 LE SANG DE LA VIGNE - EP. 18 POUR QUI SONNE L'ANGÉLUS de René MANZOR
2015 BRAQUO - SAISON 4 de Xavier PALUD Canal+

 

Nous remercions chaleureusement Soufiane Guerrab pour son accueil et le temps qu’il nous a gentiment accordé. Bonne chance pour la suite ! 
Photos réalisées par Clément Vayssieres