Jean-Claude Tapie, notre façonnier français du manteau Picardie
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Jean-Claude Tapie. Je suis gérant de la société Protostyl et j’ai comme client la société hollington, avec qui je travaille depuis fort longtemps. Je produis aujourd’hui pour hollington les parkas Picardie et les survestes Golf.
Ce qui nous intéresse beaucoup avec la maison hollington c’est qu’il y a deux collections, une en automne-hiver et l’autre en printemps-été. Cela nous permet d’étaler notre production.
Depuis quand travaillez-vous dans la confection textile ?
Je suis modéliste-styliste de formation et j’étais directeur de collection à mes débuts. À l’époque, je travaillais avec beaucoup d’autres couturiers… Mais, dans les années 90, le problème de la délocalisation s’est vite fait ressentir dans ce secteur. J’ai assisté à cette délocalisation de la production de vêtements qui sévissait en France.
Le système s’est retrouvé « cassé » par les confections provenant des pays émergents.
À l’époque, dans les ateliers de confection, nous employions des personnes qui n’avaient pas de qualification. L’atelier les formait de A à Z et, une fois prêtes, ces personnes que nous avions formées entraient petit à petit dans la chaîne de production. Nous avons un peu perdu cela malheureusement.
Pourquoi avez-vous choisi de créer Protostyl ?
En réalité, j’ai été embauché chez Protostyl en tant que modéliste-styliste. J’ai occupé ce poste pendant quatre ans. À la suite de la crise du textile sévissant en France – et plus encore dans le Nord – le directeur d’usine m’a proposé de racheter Protostyl. Et c’est ce que j’ai fait !
Comment avez-vous rencontré Patric Hollington ?
Patric travaillait avec un atelier qui était situé à Amiens. Cette usine a malheureusement fermé, et une connaissance en commun nous a alors présentés. Ça fait maintenant une bonne quinzaine d’années que nous travaillons ensemble.
Quelles sont les grandes particularités de confection du manteau Picardie ?
Patric commande les tissus et les doublures en amont. Je les réceptionne dans mon usine, puis nous lançons la production.
Il existe deux versions de la parka Picardie, l’une pour l’automne-hiver et l’autre pour la saison printemps-été. Quel que soit la saison, l’aspect extérieur reste le même : seule la doublure change. En été, la doublure est légère et tous les parements sont faits dans le même tissu. En hiver, nous avons ajouté une parementure à l’avant avec un doublage en lainage qui est plus « lourd » et plus chaud.
Dans les deux versions, vous avez les fameuses poches repose-mains, aussi appelées « poches manchons » et inspirées de la culture russe.
Les poches extérieures du bas ont des rabats anti-pluie qui permettent de ne pas mouiller vos affaires lorsque vous y glissez des choses par temps pluvieux. Ces modifications ont été faites par le bureau d’étude de M. Hollington.
La parka Picardie d’hiver possède des poignets en « bord côte », que nous fournissons également. Ce sont des poignets que nous ajoutons à l’intérieur des manches. C’est ce qui fait office de coupe-vent et de coupe-froid pour vos poignets, pour les personnes en scooter ou vélo !
Vous avez sur la Picardie une « patte boutonnant » qui cache les boutons-pressions à l’avant. Les boutons-pressions pour la capuche sont dissimulés dans le col. La sous-patte qui cache la fermeture éclair évite à l’eau d’y pénétrer. D’ailleurs, ce qui est marrant c’est que l’on nomme ça « sous-patte » alors que c’est sur le dessus !
On parle vraiment de technicité du vêtement, mais ça reste un beau vêtement qui a un certain look. Je trouve que c’est un produit formidable car c’est aussi un basique.
Cette production est 100% française : vous participez donc au « Made in France ». En êtes-vous fier ?
Évidemment oui ! On apporte du travail aux Français.
L’avantage chez hollington c’est que, même s’il y a de nouveaux produits, ils se font à contre-pied des autres enseignes. Les vêtements ont le temps d’être usés – contrairement à ceux des enseignes de « fast-fashion » qui produisent toujours plus de différents modèles. Chez hollington la politique est autre : vous changez les matières tout en ayant la même forme de produit, et c’est en ça que vous êtes différents.
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