Sandrine Bouchait, présidente de l'Union Nationale de Familles de Féminicides UNFF

" On arrive à être résiliante malgré l'horreur de la chose et ce qu’on se dit souvent dans l'association c'est que malgré ce que l'auteur a fait, on arrive à aller faire des conférences en prison, à parler aux auteurs de violence pour pouvoir leur faire prendre conscience des conséquences de leurs actes. Donc c'est une grande preuve de résilience de notre part. Moi je ne peux pas pardonner à l'assassin de ma sœur par exemple, mais aller leur faire prendre conscience de leurs actes et faire en sorte qu’il n’y ait pas de récidive, et bien c'est gagné. "

 

 

Hélène

Bonjour Sandrine, je vous remercie de m'accueillir aujourd’hui au siège de l'UNFF, l'Union Nationale des Familles de Féminicides. À la suite du féminicide survenu au sein de votre famille le 22 septembre 2017 au cours duquel votre sœur Guylaine Bouchait a été immolée par le feu par son compagnon devant votre nièce Cloé, le sens de votre vie a changé.

Vous prenez très rapidement conscience du vide, du néant, de l'invisibilité qui entourent tous les sujets du féminicide. Des peurs évoquées avec vos proches aux plaintes laissées sans suite au commissariat, en passant par l'ignorance des numéros d’urgence qui auraient pu sauver la vie des victimes sans oublier le soutien psychologique et physique à la suite du crime. Vous serez surtout marquée de façon indélébile par le manque d'accompagnement des enfants de victimes, qu'ils soient mineurs ou majeurs.

Ce drame vous a décidé à changer de vie et à vous investir pour cette cause invisible. À votre tour pourriez-vous vous présenter ?

Sandrine

Il y a beaucoup de choses qui ont déjà été dites dans la présentation. Je suis l'aînée d'une fratrie de quatre enfants. Guylaine était la petite dernière et moi sa grande sœur. J'étais extrêmement proche d’elle. Nous nous appelions plusieurs fois par jour et ce drame, oui, a changé ma vie. Aujourd'hui, je fais en sorte de transformer ce drame horrible en quelque chose d'utile pour les autres.

 

Hélène

En 2019 vous créez l’UNFF, car lorsque vous assistez au Grenelle des violences conjugales vous découvrez qu'il n'y a aucune association pour aider les familles de victimes de féminicides. D'ailleurs vous dites dans une interview : 'quand la dame meurt, c'est fini, tout s'arrête alors que non c'est là où tout commence'. C'est donc ça l'UNFF. Racontez-nous.

Sandrine

Le mot commun à toutes les familles de victimes, c'est le mot solitude, une grande solitude. Quand on apprend le décès de notre proche, on se sent très seul et effectivement on a l'impression que tout s'arrête. Mais le parcours du combattant, le désert institutionnel, c'est ce à quoi on est confronté.

Et du coup, l’UNFF a été cofondée avec des familles de victimes qui ont toutes traversé cette solitude et qui ont constaté qu’il n’était pas possible de sortir du commissariat et se demander c'est quoi la suite, parce que c'est vraiment la question, la suite.

Par exemple il faut trouver un avocat, et il y a des familles qui me disent ‘mais pourquoi faire, moi je n'ai rien fait, je ne suis pas un meurtrier, je ne suis pas quelqu'un qui a fait des choses de mal. Donc pourquoi je dois prendre un avocat, me confronter aussi à un juge des enfants, à toute la machine judiciaire dont je n'ai pas connaissance’ ?

Alors voilà la création de l’UNFF c'est ça : venir soulager et faire du soutien aux victimes qui vont malheureusement passer par là où nous sommes passés. 

Hélène

Au sein de l’UNFF vous militez pour créer un statut pour les victimes et leur famille, et plus particulièrement pour les enfants mineurs et aussi majeures victimes de féminicides. Plus précisément, vous militez pour une prise en charge psychologique, pour une aide jusqu'à l'autonomie. Racontez-nous votre quotidien, les différentes missions et projets auxquels vous devez faire face avec cette association.

Sandrine

Oui, le statut de victime est très important pour nous et d'autant plus pour les enfants, parce que malheureusement encore aujourd'hui, bien souvent, les enfants sont traités comme des paquets de linge sale.

Les familles évidemment se proposent d'accueillir l'enfant, et là on leur dit : ‘vous les voulez alors bonne chance’.

Du coup c'est vrai que ce statut permettrait, s’il est adopté, d'accompagner les familles d'un point de vue juridique et d'un point de vue financier. Parce que lorsqu'on accueille l'enfant victime il faut savoir que l'appartement est sous scellé, donc on l’accueille soit avec les habits du jour, soit en pyjama et rien d'autre.

Il faut donc acheter un lit, une armoire, un doudou, un cartable. Moi par exemple j'ai dû refaire faire les lunettes de ma nièce. Il faut vraiment racheter l'intégralité des choses utiles à l'enfant pour son quotidien et puis il faut passer par différents juges et tout ça a un coût aussi puisque comme on est dans la justice civile, nous n’avons pas le droit à l'aide juridictionnelle sans condition de ressources comme c'est le cas au pénal.

Du coup, il y a des honoraires d'avocats à payer chaque fois qu'on passe devant un juge. Les honoraires d'avocats, c'est tout de même élevé. Il faut avoir les moyens de les payer. Et le statut de la victime est aussi très important, car il permettrait que l'on réclame un suivi psychologique spécialisé en psycho traumatisme dès l'instant où le féminicide est commis, gratuit sur la durée parce qu'aujourd'hui le suivi psy est à la charge des familles. Et ne pas faire suivre les enfants, c'est potentiellement les mettre dans le schéma de répétition des violences parce qu'on sait que sur 100 enfants et bien sans accompagnement psy, 1/3 deviendra bourreau, 1/3 deviendra victime et 1/3 deviendra résilient parce qu'au cours de sa vie il aura rencontré une bonne personne qui va l'accompagner sur le chemin de la résilience. Ça fait tout de même 2/3 des victimes qui vont reproduire les violences soit en tant que victime soit en tant qu'agresseur. Mais en tout cas il y aura reproduction de la violence. Il faut absolument inverser cette courbe. Et donc du coup c'est pour ça qu'on demande vraiment cet accompagnement psy. C'est primordial ainsi que l'accompagnement jusqu'à l'emploi, aux études et jusqu'à l'autonomie des enfants.

Ce qu'on appelle l'enfant ce sont aussi les jeunes majeurs. Pour ces gamins-là il n'y a rien, rien du tout. Les mineurs eux vont être pris en charge soit par les familles, soit par l'aide sociale à l'enfance. Mais quoi qu'il arrive, il y aura une prise en charge. Les jeunes majeurs, eux partent le matin à la fac, au lycée ou en entreprise. Mais en rentrant le soir, ils n'ont plus rien. L'appartement est sous scellé, ils n'ont plus accès à rien et il n'y a personne pour les prendre en charge. Et puis bien souvent c'était les parents aussi qui payaient les études. Donc il n'y a plus personne qui paie les études. Pour eux c'est la double voire la triple peine. Il n'y a vraiment strictement rien de prévu pour ces jeunes-là. Donc ce statut de victime pour les enfants est primordial et va permettre aussi de remettre au centre des débats l'intérêt supérieur des enfants et ça c'est essentiel pour nous.

Hélène

Comment se déroule ces actions dans votre quotidien ? Tout à l'heure vous disiez que vous étiez allées voir des procès ou ce genre de choses, que vous alliez avoir des détenus ou que vous proposiez des projets de lois.  Comment l’UNFF agit au quotidien ? Avec des politiques ? Avec ceux qui fabriquent les lois ?

Sandrine

On milite beaucoup, c'est à dire qu'on fait beaucoup de plaidoyer pour faire avancer les choses. Malheureusement, ce qu'on remarque sur le terrain, c'est qu'il n'y a pas une réelle volonté politique de changer les choses.

Mais nous on continuera de se battre, quoi qu'il arrive, par le biais d'une pétition, par le biais de documentaires comme “(Sur)vivants”, par le biais de sensibilisation aussi auprès des forces de l'ordre, auprès de magistrats. On continuera de militer encore, encore, encore et encore.

" Le statut de victime pour les enfants est primordial et va permettre aussi de remettre au centre des débats l'intérêt supérieur des enfants et ça c'est essentiel pour nous. "

Hélène

En 2024, la loi de Madame Santiago est promulguée. Ce fut le début d'une victoire pour l’UNFF car cette loi permet de retirer l'autorité parentale du meurtrier de façon automatique pour toutes les victimes ou co-victimes de féminicides. Quel est l'enjeu le plus important dans la suite de votre combat avec l’UNFF ? 

Sandrine

Alors, la loi de Mme Santiago ne permet pas de retirer l'autorité parentale. Elle permet de la suspendre. Il y a vraiment une grosse différence. C'est à dire que monsieur en est toujours détenteur, mais il n'en a plus l'exercice. Donc cela permet de suspendre l'autorité parentale dès l'instant où le féminicide est commis jusqu'au procès d'assise. Et au moment du procès d'assise, la cour devra statuer sur le retrait ou non de l'autorité parentale.

Mais comme les accusés ont toujours énormément de droits, bien plus que les victimes, l'accusé a le droit, s'il n'est pas content de cette suspension, de faire saisir un juge aux affaires familiales pour récupérer l'exercice de son autorité parentale. Jusqu'à présent, on ne l'a jamais vu, mais c'est un droit qu'il a.

Hélène

En 2023 vous avez écrit un livre qui s'intitule “Elle le quitte il la tue” édité aux éditions de l'archipel. Un récit où vous racontez votre histoire. 

Cette année, vous avez participé au documentaire de la réalisatrice Claire Lajeunie produit par Canal plus “(Sur)vivants”. Un documentaire de très grande qualité qui donne la parole aux familles, aux victimes collatérales de féminicides et aujourd'hui parmi d’autres projets comme on a pu l'entendre vous préparez une collaboration avec la maison Hollington.

Pourriez-vous nous parler de ce projet ?

Sandrine

Alors c'est un projet qui nous tient particulièrement à cœur parce que pour la première fois en France une marque de vêtements pour hommes s'investit dans la lutte contre les féminicides. C'est une première.

Et pourquoi cela nous tient-il particulièrement à cœur ? C'est parce que nous savons que ce combat-là n'est pas un combat de femmes, mais un combat de société. Et c'est pour ça que nous, dans notre société, dans notre association, on tient à ce qu'il y ait des hommes, parce qu’il y a des pères de victime, il y a des frères de victime, il y a des fils de victime, des cousins de victime, des meilleurs amis de victime qui sont des hommes et on ne gagnera pas ce combat toute seule.

On a besoin que les hommes se rallient à nous, car 80 % des agresseurs sont des hommes, et mon mari est le premier à me dire mais moi je ne suis pas comme ça. Oui bien sûr que tu n'es pas comme ça, mais en revanche tu ne vas pas dire à tes copains qui font n'importe quoi qu’ils font n'importe quoi.

Donc bien sûr qu'il y a une majorité d'hommes qui sont bien mais ils ne vont pas dire à ceux qui font des conneries, excusez-moi le terme, que ce qu'ils font là, c'est de la merde. Donc à un moment donné, il faut aussi que les hommes soient à côté de nous et qu'ils aillent dire à leurs comparses qu’ils font n'importe quoi.

Voilà, s’il n’y a que les femmes, on n'y arrivera pas, c'est sûr et certain. Je suis maman de deux garçons, j'ai un mari bien bien éduqué mais ça n’empêche pas qu’il faille aussi les impliquer, les intégrer dans la lutte.

Hélène

Au sein de l’UNFF, vous êtes entourées de membres, de parrains, de marraines, d'experts juridiques qui ont tous une grande importance à vos yeux et un rôle à jouer au sein de l'association. Vous avez aussi une ambassadrice, Jodie Coste, qui est autrice, artiste et compositrice. C'est grâce à Jodie Costes que vous avez connu Hollington. Racontez-nous qui est Jodie pour vous et pour l’UNFF ?

Sandrine

Alors Jodie c'est Jodie. Comment la définir ? C'est un soleil. Oui c'est un soleil. La première fois que l’on a rencontré Jodie, c'était lors d’un concours Urban Shaker auquel elle participait. On a voulu la remercier et la féliciter pour sa chanson “Love”.  Nous sommes allées discuter avec elle et ça a été La Rencontre. Depuis ce jour, nous ne nous sommes pas quittées.

La semaine suivant le concours nous l’avons invitée à venir défiler avec nous pour la Marche annuelle contre les violences sexistes et sexuelles. Un grand succès. Bref Jodie c’est indescriptible. C’est déjà une très grande artiste et je trouve qu'elle a une capacité à poser des mots sur les maux. On est là les unes pour les autres et il y a une grande sororité qui s'est développée entre nous.

Donc en fait on s'est choisi. Nos étoiles nous ont guidées vers Jodie et je pense que nos étoiles nous guident toujours vers les bonnes personnes.

Hélène

Alors justement la collaboration consiste en une chemise qui est blanche et violette et porte un message fort à l'intérieur. On y trouve les numéros d’urgence, et elle est numérotée de 1 à 140 pour la première série. Pourquoi la vente de cette chemise UNFF x hollington, une marque française de vêtements pour hommes créé en 1973 a-t-elle autant d'importance pour l'UNFF ?

Sandrine

En réalité, tous les fonds qui sont reversés à l’UNFF sont très importants parce qu'ils nous permettent d'accompagner les familles de victimes : accompagner les familles lors des procès d'assises, créer des groupes de parole où les familles vont pouvoir se sentir moins seules. Et comme l’UNFF n'a aucune subvention publique, nous ne vivons donc que de dons, de mécénats et de partenariats. Voilà pourquoi c'est important et au-delà de l'aspect financier il y a le message qui est très important.

Le message qui est de dire aux hommes voilà la collaboration avec l’UNFF et qui montre que ça peut toucher tout le monde : ça peut toucher votre fille, votre petite fille, votre nièce. Dire aux hommes que ça peut aussi les toucher, c'est ça le message, et il est très important.

Isabelle

Je ne sais pas si c'est le moment mais je précise que nous sommes bénévoles, entièrement bénévoles, que c'est un choix parce qu'on ne veut pas se faire de l'argent sur le décès de nos étoiles.

Et nous voulons vraiment dire que tout ce qui sera reversé, c'est pour les familles, ça ne sert absolument pas à nous rémunérer d'une quelconque façon. Je pense que c'est important de le préciser parce que par rapport à d'autres associations qui essayent d'en vivre, nous notre choix est de ne pas toucher cet argent qui est destiné à toutes les victimes.

Pour nous ce n'est juste pas possible moralement et chaque euro doit revenir à la Cause : être là pour aider les familles.

" Le message qui est de dire aux hommes voilà la collaboration avec l’UNFF et qui montre que ça peut toucher tout le monde : ça peut toucher votre fille, votre petite fille, votre nièce. Dire aux hommes que ça peut aussi les toucher, c'est ça le message, et il est très important. "

Hélène

Pourriez-vous qualifier le violet UNFF ? Espoir ?

Sandrine

Non, moi je ne dirais pas espoir mais plutôt résilience. Oui violet résilience parce que c'est ce qu'on est en fait. On arrive à être résiliente malgré l'horreur de la chose et ce qu’on se dit souvent dans l'association c'est que malgré ce que l'auteur a fait, on arrive à aller faire des conférences en prison, à parler aux auteurs de violence pour pouvoir leur faire prendre conscience des conséquences de leurs actes.

Donc c'est une grande preuve de résilience de notre part. Moi je ne peux pas pardonner à l'assassin de ma sœur par exemple, mais aller leur faire prendre conscience de leurs actes et faire en sorte qu’il n’y ait pas de récidive, et bien c'est gagné.

Hélène

Violet résilient voilà parfait. Et alors si cette chemise devait avoir un nom, lequel lui donneriez-vous ?

Sandrine

Cloé.

Isabelle

C'est l'enfant qui est à l'origine de tout car c'est la nièce de Sandrine. C'est parce que Cloé existe, parce qu'il a fallu construire autour d'elle, l'adoption, etc… Toutes ces solutions qui font que l'association aujourd'hui en est là.  Le statut de victime, tout, tout part de Cloé.

Hélène

Pour clôturer cet entretien Sandrine je voudrais que vous nous rappeliez les numéros d’urgence qui ne sont jamais mentionnés aussi bien sur les plateaux télé que dans les interviews et qui sont si importants à connaître par cœur.

Sandrine

Alors le tout premier c'est le 17. S’il y a une urgence vitale, le 17.

Immédiatement après il y a le 15 (les pompiers), puis le 119 pour les enfants en danger.

Il y a aussi le 114 pour alerter lorsqu’on ne peut pas parler. Je vais donner un exemple : lorsqu’on a juste cinq minutes aux toilettes, que monsieur est dans le salon et qu’il peut entendre alors on peut chatter sur le 114 . Le 114 est aussi utile pour les personnes muettes par exemple.

Il y a aussi une plateforme qui s'appelle https://arretonslesviolences.gouv.fr qui permet de chatter en direct avec des forces de l'ordre spécialement formées sur les violences conjugales et qui vont aussi permettre de déclencher une alerte rapide avec des gens qui vont intervenir rapidement sur les lieux.

Et sur cette plateforme, il y a un bouton qui permet, si jamais monsieur arrive, de tout effacer. Tout l'historique s'efface et monsieur ne peut pas voir que madame était sur ce chat. Ensuite en numéro d'information, il y a le 39 19 et il y a également le 166 006 qui est le numéro de France victime. Lorsque vous êtes victime de quelques agressions que ce soit on peut aussi s'adresser à France victime qui peut orienter vers des juristes, des psys, enfin tout ce genre de choses.

Hélène 

D'accord. Et alors le mot de la fin pour nos lecteurs qu'est-ce que ça serait ?

Sandrine

Pour finir je dirais que nous avons toutes et tous un rôle à jouer dans la protection des femmes et que dénoncer c'est porter assistance aux femmes. Dénoncer ce n'est pas faire de la délation. Dénoncer c'est informer.

 

“hollington accompagne une cause qui devrait être universelle.”

 
Cette étroite collaboration entre une association qui lutte contre les féminicides et une marque de mode homme est une première en France.

Donner pour soutenir et pour combattre
Parce que l’UNFF a besoin d’accompagner des enfants au quotidien
Parce que l’UNFF a besoin de porter son message auprès des instances publiques
Parce que l’UNFF ne veut plus jamais de féminicide
Parce que l’UNFF a besoin de grandir et de rayonner pour faire entendre le message des victimes, l’UNFF a besoin de fonds. C’est pour cela qu’hollington reversera la moitié de ses bénéfices réalisés avec cette chemise à l’UNFF et contribuera à rendre visible ce message qui aujourd’hui reste un angle mort de nos sociétés.

Découvrez notre chemise Cloé disponible en pré-vente : 

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